PASTEUR ET LES VACCINS
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AVANT
LA
VARIOLISATION
Parmi les fléaux des épidé-
mies, l ’ un des plus terrifiants était la variole.
Or, les survivants au visage « grêlé » par les
cicatrices des pustules échappaient à la conta-
gion lors de nouvelles épidémies. De par le
monde, le pus varioleux a été utilisé comme
préventif dans des rituels adressés aux divini-
tés de la maladie. Pasteur a entendu parler de
cette magie en Chine et en Inde : elle pouvait
bien avoir un fondement scientifique.
Au début du
XVIII e
siècle, Lady Mary Montagu,
épouse de l ’ ambassadeur d ’ Angleterre à
Constantinople, découvre que les mères
inoculent un peu de pus de varioleux aux
enfants : un peu de fièvre, quelques boutons,
et voilà les chers petits protégés pour la vie.
Pleine d ’ enthousiasme, elle fait inoculer son
propre fils et, de retour au pays, vante le pro-
cédé à la Cour qui procède en 1721 à des essais
sur des prisonniers. L ’ inoculation est saluée
par les philosophes dont Voltaire comme un
triomphe de la Raison. Elle sera à l ’ origine
d ’ un double débat. Débat théologique d ’ une
part : est-il permis de s ’ opposer aux décrets
divins ? Débat scientifique de l ’ autre : d’Alem-
bert et Bernoulli comparent statistiquement
les conséquences de la variole et de la varioli-
sation, l ’ équivalent de ce que l ’ on appellerait
aujourd’hui une analyse bénéfices/risques, et
concluent en faveur de la seconde. En effet,
la chance de survivre est multipliée au moins
par dix ! Un médecin hollandais connu dans
toute l ’Europe, Herman Boerhaave, propose
la variolisation comme un modèle pour la
prévention de toutes les maladies. Mais l ’ ino-
culation de la variole va être supplantée par
celle de la vaccine.
LA VACCINATION,
Selon la légende, Chinsei
Hachiro Tametomo,
un personnage japonais
célèbre du
XII e
siècle,
repoussa le démon de
la variole qui s’apprêtait
à envahir l’île d’Oshima où
il avait été exilé. Gravure
sur bois colorée, 1847-1852.
Lady Mary
Wortley Montagu.
Lithographie
peinte à la main
d’Achille Devéria,
années 1830.
Lésions de
la variole sur
le visage d’un
garçon de 15 ans.
Modèle en cire
par William
Gottheil, 1917.
