Un siècle en mouvement
La science du
XIX
e
siècle est une véritable aventure. Les physiciens
et les chimistes cherchent à comprendre ce qui forme la matière. Ils sont loin
de notre représentation des atomes* s’emboîtant pièce par pièce comme dans
un jeu de construction. Ils découvrent la vitesse de la lumière et vont inventer
les ampoules et la photographie. Les biologistes connaissent l’existence
de petits organismes vivants invisibles à l’œil nu, mais ne comprennent pas bien
ce qu’ils sont. Le microscope existe, mais il n’est pas encore très puissant
et les méthodes de laboratoire ressemblent un peu à des cours de bricolage.
Dans ce siècle mouvementé qui suit la Révolution française, les régimes
politiques se succèdent : Premier Empire, restauration de la monarchie,
Deuxième République, Second Empire, Troisième République… Si l’industrie
française a pris du retard par rapport à l’Angleterre, elle reste l’une
des premières d’Europe. Elle est stimulée par les rois, puis par l’empereur
Napoléon III. Des chemins de fer et des gares sont construits dans tout le pays,
la ville de Paris est transformée par le baron Haussmann. La France vit aussi
sa grande époque de colonisation : l’Algérie et l’Indochine sont ses nouveaux
territoires. Avec la modernisation des transports, les scientifiques se mettent
à voyager et ils échangent plus facilement leurs idées. Mais les bateaux
et les trains font aussi circuler des microbes et favorisent les épidémies.
D’où vient Louis ?
Louis Pasteur naît dans le Jura, à Dole. Son père Jean-Joseph est tanneur,
il traite les peaux d’animaux pour les transformer en cuir. Juste à côté
de la maison, il les fait tremper plusieurs jours dans des grands tonneaux
d’acide avant de les gratter pour les assouplir, une activité qui sent très
mauvais. Le cuir est une tradition chez les Pasteur, l’arrière-grand-père était
déjà garçon tanneur. La famille n’est pas riche. Jean-Joseph a été soldat
de Napoléon Bonaparte quand il avait vingt ans. Il a combattu en Espagne
et a été décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Il reçoit
des amis bourgeois et cultivés dans la maison de famille à Arbois, des amis
qui partagent sans doute son admiration pour l’Empire qu’avait créé Napoléon.
Louis a une sœur aînée et deux cadettes, qui meurent de maladie autour
de vingt-cinq ans. S’il est scolarisé en primaire, puis au collège, les notes
de Louis ne sont pas fameuses. Pourtant son père le persuade de préparer
le concours de l’École normale de Paris, pour devenir professeur agrégé*.
Après ses deux baccalauréats de français et de sciences, le jeune homme
y entre à vingt et un ans. Pendant ses études, il a attrapé le virus de la science.
Une fois agrégé, il met moins de vingt ans à devenir un savant réputé
et à entrer dans la prestigieuse Académie des sciences.
* Un glossaire se trouve en fin d’ouvrage.
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