Les Étincelles du Palais de la découverte
La médiation scientifique
Découvrez le futur Palais
La rédaction de Découverte a demandé aux unités scientifiques du Palais de la découverte de sélectionner quelques affiches ou visuels représentatifs de l’offre proposée au public de l’établissement depuis son ouverture. Un aperçu rapide qui témoigne dans une certaine mesure, au travers des choix effectués, de l’évolution de l’offre et de la diversité des thèmes abordés au cours du temps. Par Andy Richard, médiateur scientifique, unité Astronomie, Olivier Coulon, médiateur scientifique, unité Sciences de la Terre, Julien Babel, médiateur scientifique, unité Physique, Véronique Polonovski, Frédérique Salpin, médiatrices scientifiques, unité Chimie, Jean-Philippe Bricka, médiateur scientifique, unité Sciences de la vie et rédacteur en chef de Découverte, et Pierre Audin, médiateur scientifique, unité Mathématiques du Palais de la découverte
Crédits photographiques : sauf mentions contraires, Universcience, collection de la photothèque du Palais de la découverte.
(Reprise de Découverte n° 410, mai-juin 2017, p. 114-121)
Depuis l’ouverture du Palais de la découverte en 1937, l’astronomie a occupé une place de premier plan au sein des espaces d’exposition. Le XXe siècle est riche en exploits astronautiques et astronomiques, dont le Palais a été la vitrine à travers son histoire.
En 1966, la France entre dans l’ère spatiale avec son premier satellite A1, surnommé « Astérix ». L’exposition « Le satellite français A1 », qui s’est tenue au Palais du 13 décembre 1965 au 16 janvier 1966, présentait les avancées aérospatiales, engins, fusées et satellites au moment où l’Hexagone devenait la troisième puissance spatiale mondiale.
1969 est l’année de l’Homme sur la Lune. La mission spatiale américaine Apollo 11, ainsi que les premiers pas de Neil Armstrong (1930-2012) et Buzz Aldrin sur la Lune, ont pu être suivis par le public lors de retransmissions télévisées au Palais.
La comète de Halley est l’événement astronomique du XXe siècle. Revenant tous les soixante-seize ans environ au voisinage du Soleil, elle offre un spectacle incroyable aux terriens. Son passage en 1986 était l’occasion également de lancer la sonde Giotto, première mission spatiale de l’ESA (Agence spatiale européenne), pour étudier le noyau cométaire. Rendez-vous pour sa prochaine visite à proximité de la Terre en 2061.
En 2016, l’exposition « Explorez Mars » proposait un retour sur les résultats scientifiques concernant la planète Rouge, depuis son observation par les premières civilisations jusqu’à son exploration in situ par les rovers. En l’espace de cinquante ans, Mars a dévoilé de nombreux secrets sous les objectifs et instruments des sondes spatiales. Parmi les plus récentes, Curiosity et son laboratoire roulant, dont la maquette à l’échelle constitua l’un des atouts de cette exposition.
C’est à partir de 1965 que les géosciences sont représentées officiellement au Palais de la découverte au sein d’un grand département « mathématiques – astronomie - sciences de la Terre ». Un département individualisé sera créé en 1972, pour perdurer jusqu’à nos jours. À travers quelques affiches emblématiques, voici un petit tour d’horizon des thématiques abordées dans les expositions temporaires, qui traduisent tant l’évolution des connaissances scientifiques que celle des objectifs muséographiques et des goûts du public. À noter que l’atmosphère et les changements climatiques ont été très peu traités, alors que l’offre permanente leur réserve une part non négligeable. Une piste pour les expositions du futur ?
Exposition « 200 ans de cartes géologiques » (1969). La cartographie, thématique très ancienne, est utilisée particulièrement pour toute exploitation de ressources minières, d’où le partenariat avec le Bureau de recherches géologiques et minières. Elle n’est guère abordée de nos jours, mais les technologies numériques modernes pourraient offrir une nouvelle approche intéressante, pour « faire du neuf avec du vieux ».
« Le Quartz et le monde des minéraux » (1978), autre sujet traditionnel de nombreuses expositions en géologie. Très naturaliste, cette approche est moins présente aujourd’hui et bien plus adaptée aux musées qui possèdent de riches collections en ce domaine.
« Origine et évolution de l’Homme » (1983) est la première réalisation d’envergure dans le domaine de l’archéologie. Elle constitue un jalon important qui traduit l’intérêt croissant du grand public pour la paléontologie en général. L’absence de collections au sein du Palais implique une collaboration avec d’autres structures muséales, comme ici l’ancien musée de l’Homme.
Deuxième opus sur le thème de ces célèbres reptiles comme son intitulé l’indique, « Le retour des dinosaures » (1990) confirme la tendance paléontologique. Un succès qui semble ne jamais se démentir puisque trois nouveaux épisodes seront hébergés par la suite.
Symbole d’une vision plus moderne des grands événements géologiques, « Volcans, séismes, tsunamis, vivre avec le risque » (2007), exposition élaborée en interne, fait la part belle au modèle de la tectonique des plaques. Le facteur humain n’est pas délaissé pour autant et la présence d’un simulateur sismique remporte un grand succès auprès du public.
Depuis 1937, le Palais de la découverte présente au public un large contenu scientifique sous forme d’exposés vivants ou d’expositions temporaires. En physique, ces dernières sont dédiées notamment à d’illustres savants (Michael Faraday, Albert Einstein, Marie Curie…), à des phénomènes liés à l’émergence de nouvelles technologies, ainsi qu’à des thèmes scientifiques plus spécifiques.
Étincelles à 300 000 volts, cheveux se dressant sur la tête, intrigante apparition de feux de Saint-Elme… De 7 à 77 ans, ces phénomènes ont marqué des générations. Dès 1937, l’électrostatique occupe une place centrale au sein du Palais au travers de deux colonnes génératrices hautes de 14 mètres trônant dans le hall d’Antin et délivrant 3 mégavolts. En décembre 1994, une nouvelle salle d’exposés est inaugurée et permet de sublimer, grâce à un agencement théâtral, des expériences telles la cage de Faraday, la grêle électrique…
Du 20 mai au 31 juillet 1948, le Palais proposa une exposition sur les travaux de Michael Faraday (1791-1867), fruit d’une collaboration avec la Royal Institution, où Faraday animait des exposés expérimentaux afin de révéler ses découvertes. Outre le contenu présentant différents objets ou phénomènes telle la fameuse cage, l’originalité de l’exposition provenait de sa localisation. Elle avait investi le hall d’Antin (entrée actuelle) et était recouverte d’un faux plafond. Admirez, au sol, le magnifique pavage en grès cérame.
En 1962, le Palais accueillait une exposition sur le froid qui connut rapidement un très grand succès grâce à une forte pluridisciplinarité. La physique y côtoyait ainsi la biologie, la chimie et l’ingénierie. Maurice Bayen (1902-1974), directeur de l’établissement en 1962, affirmait : « le froid offre une exceptionnelle démonstration de l’indispensable liaison entre la science et l’industrie, de sa féconde nécessité ». Les médiateurs de physique montraient au public de l’hélium liquide à –269 °C !
Le Palais a toujours entretenu un lien intime avec la physique nucléaire. En 1997, le département de physique présentait une exposition sur la radioactivité conçue entièrement par les équipes internes. Formée de quarante modules, elle est devenue ensuite itinérante (Guérande, Lyon). Longtemps stockés en Salle nucléaire située dans le salon d’honneur du Grand Palais, certains modules ont rejoint la Salle noyau et particules après la restitution de l’espace à ce dernier en 2009.
En quatre-vingts années d’expositions au Palais de la découverte, de très nombreux sujets ont eu l’occasion d’être abordés sous l’angle du chimiste : l’eau, le verre, l’aspirine ou encore le chocolat ! Arrêts sur images à travers quatre expositions, historiques ou thématiques, sur la période s’étendant de 1950 à 2011.
Au milieu du XXe siècle, plusieurs grands chimistes furent célébrés lors d’expositions historiques présentées au Palais. Parmi eux, Victor Grignard (1871-1935), lauréat du prix Nobel de chimie en 1912 pour sa découverte des organomagnésiens douze ans auparavant, fut mis à l’honneur en 1950 à l’occasion du cinquantenaire de l’événement dans l’exposition « Victor Grignard et la découverte des organomagnésiens ». On remarque la mise en évidence de la paillasse du chimiste au cœur de l’exposition, comme en 1943 pour celle intitulée « Deuxième centenaire de Lavoisier » qui fêtait la naissance d’Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) en invitant les visiteurs à découvrir « sa vie et son œuvre », mais aussi « ses expériences ».
En 1991 est accueillie une exposition permanente sur la thématique des molécules géantes, complétant alors l’offre de médiation existant sur le sujet. Les matières plastiques, déjà très présentes dans le quotidien des visiteurs de l’époque, sont toujours d’actualité aujourd’hui, comme l’illustre bien l’article « Les plastiques se déchaînent depuis 1937 ! » (p. 78-85) de ce numéro.
En 1995, à l’occasion du centenaire de la découverte de l’aspirine, l’exposition « Aspirine, un comprimé de chimie », conçue et réalisée par les équipes du Palais, s’installa pour trois ans dans le salon d’honneur. Le public pouvait y découvrir entre autres tout le processus de conception et fabrication d’un médicament. Un numéro spécial de Découverte (n° 46, décembre 1995) avait été édité pour l’accompagner.
2011, année internationale de la chimie. Afin de prendre part à l’événement, l’unité Chimie du Palais avait participé à la conception d’une exposition dédiée, offrant la particularité de proposer notamment aux visiteurs des dispositifs de réactions chimiques en direct. Un moyen de toucher du doigt ce qu’est cette discipline et d’appréhender le fait que tout est chimie !
Plus d’une quarantaine d’expositions temporaires consacrées aux sciences de la vie ont été présentées au Palais de la découverte depuis son inauguration en 1937. Biologie animale et humaine, santé, génétique, physiologie, médecine, grands scientifiques… À travers les nombreuses thématiques abordées, plusieurs générations de visiteurs ont pu ainsi s’informer, s’émerveiller et s’amuser tout en suivant les incroyables avancées que le domaine a connues au cours de ces quatre-vingts dernières années. Petit retour en arrière, via leurs affiches, sur quelques-unes des expositions ayant jalonné l’histoire du Palais.
Plusieurs personnalités scientifiques ont fait l’objet d’une exposition au Palais. L’une d’elles fut consacrée à la vie et l’œuvre de Louis Pasteur (1822-1895) à l’occasion du cinquantenaire de sa mort. Présentée du 25 novembre au 30 décembre 1946, elle connut ensuite plusieurs vies en itinérant à travers le monde, comme ici à Tel-Aviv. Une nouvelle exposition sur ce grand scientifique français ouvrira au Palais en décembre, avant de voyager à son tour.
Médecine et santé humaine ont fait l’objet de nombreuses expositions dont plusieurs dédiées au cœur. Présentée entre octobre et décembre 1991, « Cardio-rythmez-vous la vie » visait à sensibiliser les jeunes à l’importance de prendre soin de leur cœur, avec une affiche très… années 1980 !
En octobre 1961, le Palais, dont l’un des objectifs est de « montrer la science en train de se faire » selon l’expression de son fondateur Jean Perrin (1870-1942), proposait une exposition consacrée à la première « expérience biologique spatiale française ». Elle retraçait l’aventure du rat Hector, « premier Français » à réaliser un vol suborbital. La mission, effectuée quelques mois plus tôt, avait pour dessein de mesurer l’impact de la microgravité sur la biologie animale, afin de préparer l’Homme au voyage dans l’espace.
La possibilité, grâce à l’équipe du Laboratoire des sciences de la vie, de présenter du vivant est l’une des grandes forces du Palais. Ce fut le cas notamment lors de l’exposition « Le Termite & la Fourmi », proposée entre février et août 2008, dans laquelle plus d’une dizaine d’élevages permettaient de découvrir habitat, organisation, alimentation et rôle de ces insectes sociaux dans l’écosystème et la biodiversité de notre planète.
La manière de présenter les mathématiques au Palais a nettement évolué depuis 1937. Il fallait alors « partir de ce que beaucoup connaissent, et essayer de les entraîner progressivement jusqu’au moment où ils perdent pied, où ils ne peuvent plus suivre, mais où, cependant, ils se rendent compte que d’autres peuvent aller plus loin »*.
En 1937, la Salle de mathématiques présentait divers objets sous vitrines et affiches généralement réalisées à la main sur du papier à dessin grand format, avec du texte au bas de celles-là. Chacune comportait un titre, parfois des illustrations et le plus souvent une démonstration ou des calculs complets. Plusieurs niveaux de lecture donc, et, en effet, on ne perdait pas pied tout de suite...
Cette conception de la vulgarisation des mathématiques impliquait sans doute qu’une exposition temporaire était inenvisageable, à moins d’aborder autre chose, comme la danse en 1964. Depuis sa création, le Palais tisse des liens entre art et sciences. Les offres de mathématiques ont fait place souvent à des éléments artistiques (gravures de Patrice Jeener, totem de Michel Bisbard, fresque de Jean-Marc Castera…).
L’arrivée de Jean Brette (1946-2017) au Palais a été l’occasion de proposer des thématiques actuelles lors d’expositions temporaires d’assez longue durée. Fractales, chaos, nœuds, surfaces minimales, courbes ont occupé ainsi à tour de rôle la quasi-totalité de la salle de mathématiques dans les années 1980 et 1990.
En 2007, le département de mathématiques a été la cheville ouvrière d’un « atelier-exposition » interdisciplinaire d’un genre nouveau, mêlant chimie, physique et mathématiques. Les médiateurs scientifiques, présents presque en permanence, proposaient au public de tester diverses méthodes pour construire une pyramide égyptienne : soulever des blocs, les traîner, fabriquer de la pierre reconstituée, ou appliquer un algorithme original d’empilement des blocs pour réaliser notamment un édifice de 5 mètres de haut.
La récente exposition « XYZT » utilisait des techniques modernes permettant au public d’interagir avec les images animées observées ou dont il provoquait l’apparition. L’anamorphose temporelle était l’un des clous de l’exposition, où l’image projetée du visiteur, filmé en direct, introduisait une déformation sur l’écoulement du temps.
* Extrait de Labbé E., Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne, Rapport général, tome 4, ministère du Commerce et de l’industrie, 1937, p. 227.