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La pandémie de coronavirus qui sévit dans le monde depuis de longs mois a mis en exergue le rôle essentiel des femmes, dont certaines se sont retrouvées en première ligne face au virus. Cet article présente un « état des lieux » de la place des femmes dans des secteurs importants de l’économie et de la société au sein du G7 et dans le monde. Au moment où la France assume la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, cet article apporte aussi un éclairage sur la capacité de l’Hexagone à combattre l’inégalité des genres dans une période de grands bouleversements sociétaux.
Par Augusto Lopez-Claros, président du Global Governance Forum, et Nadia Caïd-Holzer, directrice scientifique du Women’s Forum
L'un des premiers secteurs dans lequel le rôle des femmes s’est révélé essentiel à la faveur de la lutte contre le coronavirus est sans conteste celui de la santé, auquel s’ajoute également celui de la prise en charge des tâches domestiques au sein des foyers, avec des répercussions non négligeables sur leur état de santé.
La pandémie a eu un impact négatif sur la santé mentale et physique des femmes, car elles constituent la majorité des travailleurs et soignants en première ligne face au coronavirus. Ainsi, 77 % des soignants, 78 % des travailleurs sociaux et plus des deux tiers des employés des supermarchés sont des femmes. Du fait du confinement, les enfants sont restés à la maison, ce qui a eu pour conséquence d’augmenter leurs tâches associées au travail non rémunéré. En outre, les besoins en soins des personnes âgées ont augmenté. Étant donné que les responsabilités domestiques sont assumées traditionnellement par les femmes, l’augmentation de ce type de travail a eu des répercussions sur leur santé. La part de la mortalité féminine causée par les maladies mentales et les troubles du comportement est impressionnante également au sein des pays du G7 (Groupe des sept) (encadré Deux outils d’analyse essentiels). Les femmes sont plus exposées aux problèmes de santé mentale que les hommes, en raison de nombreux facteurs qui englobent les effets généraux de l’inégalité entre les genres (c’est-à-dire les disparités de revenus, une plus grande exposition à la pauvreté et au surmenage, la discrimination socio-économique, la violence sexiste...). Il existe une différence d’environ 6 ans entre l’espérance de vie des femmes et celle des hommes. En effet, en France, les femmes peuvent espérer vivre jusqu’à 85,6 ans, alors que les hommes atteindraient en moyenne 79,7 ans. Cependant, après 65 ans, seul un faible pourcentage de femmes au sein des pays du G7 se sentent encore en bonne santé. Elles ont une moins bonne perception de leur état de santé que les hommes. Ainsi, l’analyse des données montre que la proportion de femmes de plus de 65 ans traitées dans les hôpitaux pour des soins de longue durée est nettement plus élevée que celle des hommes. Les statistiques révèlent que les femmes vieillissent en moins bonne santé que les hommes. Par conséquent, la priorité est de renforcer la capacité des personnes âgées à vivre cette période importante de leur vie en meilleure santé possible. En effet, les maladies non transmissibles qui touchent principalement les femmes âgées pourraient être réduites fortement en effectuant des choix sains tout au long de la vie.
L’adaptation des systèmes de santé pour répondre aux besoins des femmes âgées est une question fondamentale pour nos économies et nos sociétés. Ainsi, dans ce contexte, un défi crucial consiste à faire en sorte que les femmes vieillissent en bonne santé.
Afin que les femmes aient accès aux soins de santé dont elles ont besoin tout au long de leur vie, une coopération étroite entre les secteurs privé et public, complémentaires dans leur action, est nécessaire. En outre, le rôle des femmes décideurs est essentiel pour développer et mettre en œuvre un accès qui soit plus équitable et facile pour les femmes âgées et créer un environnement favorable aux personnes âgées. En permettant aux femmes d’avoir une voix significative dans les politiques et les décisions qui ont un impact sur leur bien-être, les résultats en matière de santé pour les femmes âgées – et les hommes – peuvent s’améliorer substantiellement.
Les inégalités en matière d’éducation réduisent considérablement le vivier de talents dans lequel les entreprises et les gouvernements pourraient puiser naturellement. Ainsi, un moyen direct et efficace de stimuler la croissance économique est d’étendre les possibilités d’éducation des jeunes filles.
Le monde a accompli des progrès considérables dans l’éducation de ces dernières, ainsi que dans celle des femmes au cours des décennies passées. Toutefois, ces progrès ne sont pas répartis uniformément. Une étude récente de la Banque mondiale souligne que dans de nombreux pays, dont l’Angola (136e sur 158), le Bhoutan (96e), le Burkina Faso (93e), le Cambodge (69e), le Cameroun (138e), l’Éthiopie (77e), le Mali (137e) et le Népal (84e), plus de la moitié des femmes n’ont même pas achevé un cycle d’éducation du niveau primaire. En 2016, cinq cents millions de femmes étaient analphabètes dans le monde, soit plus de 60 % de la population totale qui n’a appris ni à lire ni à écrire. Consacrer davantage de ressources à l’égalité de l’éducation peut permettre aux femmes de s’autonomiser, tant dans la sphère domestique que sur le marché du travail. Chaque année supplémentaire d’éducation des jeunes filles se traduit par des reports dans l’âge du mariage et des premières grossesses, une réduction des maladies sexuellement transmissibles, une augmentation des revenus au cours de la vie et une amélioration des soins de santé au sein des familles. [...]
Par Anne-Gabrielle Heilbronner, présidente du Women’s Forum, membre du directoire et secrétaire générale de Publicis Groupe
En 2020, le Women’s Forum, filiale du groupe Publicis, a lancé le premier Baromètre sur l’égalité des genres dans l’entrepreneuriat, le changement climatique, la santé et la technologie au sein du G7 (Groupe des sept). Ce Baromètre met en lumière la perception du grand public face aux questions d’égalité des genres et la compare avec l’analyse des données les plus récentes sur la question. Cette étude inédite couvre différents segments sociétaux dans lesquels les distinctions de genres émergent de manière édifiante. Le Baromètre est un outil analytique qui permet d’aider les décideurs politiques, les parties prenantes et les dirigeants d’entreprise à mieux comprendre l’état actuel de disparités entre les hommes et les femmes, ainsi que ses coûts dans des secteurs économiques fondamentaux. Il fournit des orientations en vue d’un progrès majeur au niveau mondial dans l’inégalité des genres.
L’indice 2020 sur l’égalité des genres et la gouvernance (GEGI), quant à lui, a été élaboré par le Forum sur la gouvernance mondiale. Il permet une compréhension large, fondée sur l’analyse de données comparative de la discrimination entre les genres dans cinq domaines essentiels que sont la gouvernance, l’éducation, le travail, l’entrepreneuriat et la violence contre les femmes. Cet indice couvre 158 pays. Le GEGI est un outil efficace pour les décideurs politiques, qui peuvent évaluer ainsi les progrès réalisés en matière d’égalité des genres dans leur pays et identifier les domaines spécifiques que le redressement mené par les femmes devrait privilégier.
Au travers des deux outils précédents, qui identifient les domaines d’amélioration essentiels pour une reprise économique inclusive, le Women’s Forum for Economy and Society et le Forum sur la gouvernance mondiale affichent leur ambition de défendre une société plus égalitaire en soulignant l’impact déterminant et le rôle primordial qu’y jouent les femmes. A.-G. H.