Les Étincelles du Palais de la découverte
La médiation scientifique
Découvrez le futur Palais
Cette œuvre a été créée pour l’exposition permanente « Sous l’angle des quasi-cristaux », qui était dédiée aux quasi-cristaux et à leurs applications dans l’art et l’architecture. Elle a ouvert ses portes en décembre 2009, avant d'être intégrée à l'exposition "Symétries" en février 2013. Le physicien Denis Gratias, l’un des plus éminents théoriciens des quasi-cristaux, était responsable de l’aspect purement scientifique, alors que j’étais l’artiste de la troupe. Nous avons souhaité que cet espace soit entièrement articulé autour d'un motif quasi-cristallin unique, visible à différentes échelles et créé à partir de la méthode d’inflation d'Ammann-Beenker. Il recouvre deux murs adjacents et le sol de manière continue.
Le motif est constitué de carrés et de losanges, tous les angles étant des multiples de 45°. Sur le plan, on devine les six niveaux d’inflation : la ligne en pointillés délimite le premier niveau et les lignes les plus petites sont celles du niveau 6. Trois panneaux (A, B et C sur le plan) illustrent trois liens entre les quasi-cristaux et l’art traditionnel géométrique arabe : au niveau de la structure d’ensemble d'un motif de zellij (mosaïque en céramique), au niveau de ses formes individuelles, et dans les structures en muqarnas.
Ce panneau met en avant le premier lien entre art traditionnel géométrique arabe et quasi-cristaux qui est apparu dans nos travaux. Généralement, les motifs de zellij appartenant à la famille dite "octogonale" (car on y voit des octogones étoilés ou des étoiles à 8 branches partout), sont construits à partir d'une structure globale que nous appelons le "squelette". Celui-ci s'appuie sur un réseau de carrés et de losanges de côtés égaux, analogue à un pavage de Ammann.
Ce motif s'appuie lui aussi sur le niveau 6 du réseau de la fresque. Il exprime deux idées, qui sont liées.
Les transformations en jeu dans ce panneau sont définies par la figure ci-dessous :
Ce procédé nous amène à définir une nouvelle règle d'inflation du pavage carré/losanges, différente de celle utilisée pour la fresque. Nous voyons à droite la transformation des losanges, et laissons au lecteur le plaisir de trouver lui-même une transformation compatible pour les carrés. (Cependant, les choses se compliqueraient si l'on voulait assurer la compatibilité de cette transformation avec l'auto-similarité des pièces de zellij...)
Les muqarnas, ou stalactites, sont des structures 3D à l’apparence complexe utilisées dans l'architecture traditionnelle arabe en frises, encorbellements ou arcades, l’application la plus spectaculaire étant l'habillage des coupoles. Ils sont généralement constitués de modules en bois ou en plâtre. Notre dessin n'utilise que les quatre modules principaux, l'ensemble s'appuyant sur la même structure quasi-cristalline que les deux autres panneaux. Nous l'avons doublé pour pouvoir en apprécier le relief (principe de stéréographie) : les internautes sont encouragés à regarder le dessin en louchant jusqu'à ce que les deux centres se rejoignent, et que s'ouvre la porte de la troisième dimension.
Ce dessin montre le processus de création du motif ci-dessus.
De multiples solutions sont possibles à partir d'une même base.
Il y a plusieurs manières de concevoir le pavage d'Ammann-Beenker qui est à la base de la fresque. En voici une qui évite d'utiliser, même provisoirement, des demi-carrés. Notre pavage peut en effet être vu comme un puzzle formé de deux types de pièces (en rose et vert sur le dessin), constituées de carrés et de losanges. Mais il faut pour cela s'imposer des règles de construction précises pour être sûrs que le résultat aura bien les propriétés désirées.
Le site de Jean-Marc Castera